J’ai vaincu le Piton des neiges

Publié le 29 octobre 2016 par Theworkingmum @theworkingmum1

Je sais, je sais, j'ai ouvert ce blog pour ma vie de maman et je te parle de ma randonnée que j'ai fait SEULE, entre COPINES sans AUCUN enfant. C'est aussi ça la parentalité ! Reprendre du temps pour soi tout en gérant la logistique à côté (tu deviens le super manager de projets payé à zéro). C'était il y a 5 semaines. J'ai réussi un de mes défis, une de mes top 10 à faire dans ma vie (entre temps un déménagement et du travail font que ma réactivité est totalement absente !).

Le piton des neiges, c'est le plus haut sommet de La Réunion : 3 071 mètres. A cette hauteur, tu oublies l'ile tropicale : ça caille. Tu te prépares comme pour n'importe quelle ascension . Physiquement e psychologiquement.

Avant le piton des neiges : préparation et vérification

Il est rare sur La Réunion que tu aies à regarder la météo pour définir d'une date de randonnée idéale. Ici il faut beau toute l'année mais il faut de préférence éviter la saison des pluies (janvier-mars). Les nuages se fixent sur la montagne et fin de matinée toute l'année ou presque alors quand on randonne, on part tôt.

Je ne randonne pas énormément, je suis partie avec d'ancienne baskets de running histoire d'être à l'aise et des vêtements chauds. Plusieurs couches, bonnet, gant, vêtements contre la pluie et des bâtons. Indispensables à mon sens les bâtons pour faire le piton des neiges vu l'état de la dernière partie du sentier... J'ai pris un sac le plus petit possible, de l'eau, des vivres pour 24 heures. Un tour au magasin pour vérifier que je n'avais pas loupé un élément indispensable à la randonnée : quand tu sais qu'au sommet du piton il fait zéro degré et qu'il y neige en hiver... Tu prévois deux fois que zéro !

Je cours souvent, près de 20 kilomètres par semaine. Sauf en ce moment, déménagement and co... Je ne recommande pas le piton des neiges pour première randonnée à la Réunion. Il y a du dénivelé, cette randonnée est également longue, elle est classée comme difficile.

Psychologiquement, je doutais un peu. Il me faisait autant peur qu'envie ce piton. Je crois que c'est comme cela que j'avance, je me fixe des objectifs en dehors de ma zone de confort... Et je tente ! bélier🙂

Sachant que les nuages arrivent, que le piton des neiges est indiqué à 5H10 de marche depuis le cirque de Cilaos et qu'il me faut déjà 1H30 pour y arriver... Nous avons décidé avec les copines de relever le double défi du piton des neiges à l'aube !

Départ le samedi matin. Covoiturage jusqu'au Block (départ de la randonnée pour le piton, le chemin le plus court mais le plus raide).

Le piton des neiges : l'ascension jusqu'au sommet

Nous sommes parties vers 11H du Block. Psychologiquement tu le sais que ça ne faire que grimper alors tu préserves tes forces. On n'y va pas comme des balles. On papote. On prend des photos. Des filles. En randonnée sans enfant. mais pourquoi on n'a pas choisi le SPA ?

On arrive au kiosque en un peu plus d'une heure. Pause déjeuner. Tout va bien. La montée est ombragée. On voit Cilaos. Magnifique panorama. C'est partie pour la seconde partie. Encore des marches et pas toutes de la même taille. On continue de papoter. 1H30 plus tard, nous sommes arrivées au gite. Même pas mal comme on dirait. 3 heures de montée au total. Faisable. Le piton est presque sous les nuages, beaucoup de vent. On boit un thé, on joue aux cartes, on prend le temps. On rajoute des couches d'habits. On se lave à la lingette. On dine à 18H30. Un bon cari ! On re-joue. On dort. Pour ma part on essaye de dormir. Je pensais être fatiguée mais impossible de dormir ! Pourtant, pas de ronflement. Nous sommes 9 dans la chambre. 3 lits superposés de 3. Je m'enroule dans mon sac à viande (le gite fourni les grosses couvertures mais il faut venir avec son sac). Je pense au lendemain. On se lève à 4H pour commencer l'ascension à 4H30. Le soleil se lève à 6H15. Entre 1H30 et 2H de montée. Dernier tronçon. Celui que tu fais de nuit. En prime.

Tout le monde s'active dans le gite. Oublie le réveil, tu es déjà réveillé. T'es même le dernier encore au gite. la pression monte. Palpable. Le sac se vide d'un coup. J'ai tous mes vêtements de prévu sur moi. Je prend juste du chocolat pour en haut. Mes bâtons qui seront mes alliés. C'est parti. Mon objectif était clair : être en haut pour le levé du soleil. Partant à 4H30 et la montée annoncée à 2H de marche... T'as compris. Je monte. Pas après pas. Une marche, deux... Ne pas s'arrêter. Je suis les traces blanches au sol. Les étoiles sont bien là. Je me trompe, je ne vois plus les traces blanches, j'ai dépassé un groupe d'Allemands qui se sont arrêtés pour souffler (j'apprendrais ensuite qu'ils ont fait demi tour, manque de souffle), je revois les traces blanches. j'ai perdu mes copines. Je suis seule sur cette montagne et j'avance. D'un coup le vent se lève, siffle dans mes oreilles. Je suis au milieu de nulle part mais je continue, je ne regarde même pas ma montre. Je commence à trouver le temps long. Punaise. Le soleil commence à modifier la couleur du ciel. C'est beau. Un dégaré de noir, bleu, les nuages, la montagne et moi. Je ne prends pas de photo pas le temps. j'arrive au niveau de grottes, là où beaucoup plantent leur tente pour dormir. Les fous ! C'est de la caillasse. Je commence à en avoir marre. Je vois le sommet. C'est vrai? ça y est? Oui ça y est et il est 5H55. Je suis fière de moi ! ça souffle. Moi qui était réchauffée et transpirante, en 2 minutes je me refroidis. Des blocs de pierre ont été construits pour abriter du vent. Des tentes sont là. Des fous. Une camarade arrive. On prend des photos, on s'embrasse, on mange du chocolat. Plus de batterie. La pouasse. Je l'ai fait quand même. Une autre camarade arrive. Nouveaux clichés. Une autre camarade encore. Plus le temps des clichés, il fait trop froid. Nous avons trop froid. A 7H, il n'y a plus que nous en haut. Nous redescendons. A peine 1H15 de descente, discussion à bâton rompu sur nos vies, nos hommes... Nous avons hâte de revoir nos enfants. Hé oui. Nouvel arrêt au gite pour le petit déjeuner. 9H passées, on commence la descente. Si tu n'as pas de sujet de discussion, c'est juste IN-TER-MI-NABLE. Longue descente. Mais ça va. Téléphone rechargé au gite. Des clichés. Des amandes par ci par là. J'ai mal aux pieds. Tu m'étonnes. J'ai enlevé une paire de chaussettes du coup le pied frotte, j'ai des cloques à fond, sur les côtés de chaque pied. heureusement, j'ai prévu des tongs laissées dans ma voiture. Des virages et des virages, la descente n'en finie plus ! J'arrive en transpiration sur le parking, je retrouve ma voiture, mes tongs. J'appelle mon chéri. On prend le temps de déjeuner avec les copines et c'est le retour à la vie réelle.

L'après Piton des Neiges

La machine à laver que tu fais direct, les bisous que tu donnes, la douche que tu savoures... Et tout est normal. Comme si de rien n'était. 3 071 mètres. En 4H30. Happy. Sur mon nuage (et même au dessus). J'en oublie la recommandation des copines de prendre de l'aspirine en prévention. Du lundi au vendredi j'ai mal aux jambes. Les escaliers que j'ai à la maison, pour aller chez le client sont des supplices... Mais je l'ai fais !

J'ai envie d'autres randonnées, en famille, avec cette nuit en gite qui dépayse comme nus l'avions fait sur Grand Bassin ... Reste à trouver où et quand. C'est pas si difficile quand on vit sur La Réunion : le dépaysement c'est chaque week-end si on le veut !