Assistant(e)s Maternel(le)s : se protéger et se défendre face des à des parents malveillants.

Assistant(e)s Maternel(le)s :  se protéger et se défendre  face des à des parents malveillants.

Crédit Photo : http://www.tilly-karine-avocat.com/avocate-droit-penal.php

Je suis Assistante Maternelle depuis 2 ans et demi maintenant, après avoir travaillé dans la communication pendant plus de 15 ans. J'ai eu envie de faire des choses utiles à mes yeux et arrêter de brasser du vent, c'est tout naturellement que je me suis tournée vers la petite enfance. J'ai commencé avec un agrément pour deux accueils puis rapidement, au bout de 6 mois je suis passée à 3. Je suis heureuse de ma reconversion professionnelle, j'aime sincèrement mon métier et le rythme avec les petits @home. Je n'ai jamais autant ri (et chanté) au travail que depuis que je suis devenue Assistante Maternelle c'est une évidence ! J'aime participer à l'évolution de ces touts petits, de les voir grandir et s'épanouir.

J'ai fait la douloureuse expérience du parent qui accuse et qui licencie sans préavis il y a de ça quelques mois et c'est ce qui m'amène à écrire cet article même si cela ne vous permettra pas de déjouer tous les tours d'un parent mal intentionné. Je n'avais eu jusque là que d'excellents rapports avec mes parents-employeurs, des gens chaleureux, confiants et sympathiques. Détendus aussi. C'est peut être là que j'aurais dû faire plus attention.

Un parent détendu qui est prêt à confier son enfant à une tierce personne c'est la clé.

Voici donc des choses auxquelles je vous conseille de penser et mettre en pratique quoi qu'il arrive, même si les parents sont cools et que l'entente est parfaite avec vous lors des RDV, que tout semble au carré... Je vous assure qu'on n'est jamais trop prudent. Le matin même de "ma douloureuse expérience" je proposais à la maman, pour lui rendre service, d'aller chercher son fils aîné à la sortie de l'école et combien de fois en 6 mois me suis-je dit que cette femme là était vraiment sympa et que ça pourrait être une copine, tant on se marrait bien ensemble. Erreur de jugement de ma part.

1- Remplir un contrat ensemble et le photocopier, ne pas en faire un rédigé par le parent-employeur et l'autre par vous. Il doit y avoir les mêmes infos sur les deux contrats et ne surtout pas hésiter à le compléter par une annexe, rédigée par vos soins si vous avez besoin d'apporter des informations complémentaires. Ces contrats sont tellement ridiculement résumés.

Exemple : sur une feuille à part que j'ai appelée "Annexe au contrat", j'ai inscrit :

- les modalités de la période d'adaptation,

- mes périodes de congés payés (le numéro des semaines),

- le maintien de mon salaire en cas de maladie de l'enfant (puisque je les accueille),

- les conditions de règlement du salaire (la répétition du salaire en retard ou l'absence de salaire le 10 du mois suivant entraine l'arrêt immédiat de l'accueil),

- l'impossibilité de revoir à la baisse le contrat, même si leur situation professionnelle change.

Tout un tas de choses qui me semblent utiles et nécessaires d'êtres validées par le parent-employeur.

Pas d'accord oral, JAMAIS. Tout est consigné par écrit et signé.

2- S'inscrire à un syndicat ou une fédération d'assistant(e)s maternel(le)s pour profiter de leur aide et de leurs conseils. A la suite de mon problème je me suis sentie bien démunie et le mot est faible. Il a fallu que j'appelle des syndicats pour me renseigner, que j'échange avec des avocats, rapidement via Facebook, des relations de relations ...Ce n'est en aucun cas la responsable du RAM qui a pu me venir en aide, ce n'est pas son rôle du tout et encore moins la PMI. J'ai trouvé une écoute auprès de l' UFNAFAAM, un mouvement associatif, c'est comme un syndicat mais apolitique. Ce sont eux, entre autres, qui ont créé la Charte parents-assmat".

3- Souscrire une assurance avec l'option "protection juridique", soit via votre propre assurance soit via la fédération d'assistant(e)s maternel(le)s. C'est ce que j'ai fait, les gens sont bien plus aux faits du métier et on gagne du temps en compréhension.

4- Etablir des documents d'autorisation de sortie quand vous allez à un parc plus loin que celui près de chez vous, que vous amenez les enfants à la plage ou à la piscine, même si c'est celle de vos parents absents. Et ce, même si les parents ont accepté et signé l'autorisation qui est dans le "Contrat Accueil d'enfant" de 12 pages joint au contrat. Ce n'est pas suffisant. C'est une autorisation qui n'est pas assez précise, qui ne nous protège pas correctement. Comme le fait l'école il faut faire signer un document vous autorisant à prendre la voiture, vous rendre à tel endroit, pique niquer... avec leur enfant. Quand il arrive un problème mieux vaut être bien bordé croyez moi.

Assistant(e)s Maternel(le)s :  se protéger et se défendre  face des à des parents malveillants.

5- Faire signer tous les soirs le planning de présence de l'enfant. Je l'ai fait sérieusement les 6 premiers mois de mon activité puis j'ai zappé, il ne faut pas. Et ce n'est pas qu'une question d'heures supplémentaires à rattraper. Si un parent vient chercher son enfant plus tôt que le prévoit le contrat et qu'il arrive quelque chose à l'enfant vous pouvez être tenu(e) pour responsable. Un parent lambda ne fera pas courir la responsabilité sur vous s'il est avec son enfant mais on ne sait jamais sur qui on tombe vraiment.

Ce n'est pas comme cela que j'envisageais mon métier et encore moins la relation avec les parents des enfants que j'accueille. Certains points peuvent sembler rébarbatifs et trop rigides. Mais force est de constater que tout le monde n'est pas bienveillant et animé de bons sentiments. Certaines personnes peuvent se révéler haineuses et très procédurières. Parfois juste pour une inévitable chute (et oui un enfant peut tomber et se faire mal). Un accident est si vite arrivé. Parce qu'on n'était pas là et qu'on assume pas de confier son enfant et de ne pas veiller sur lui H24. On peut se demander si le comportements excessif de certains parents ne vont pas rendre l'exercice du métier s'assistant maternelle tout simplement impossible... Une gendarme m'a même conseillé de ne pas sortir de chez moi avec les enfants " vous êtes assurée au sein de votre domicile c'est tout" et d'ajouter " c'est tellement facile de porter plainte aujourd'hui, ça ne coûte rien".

On en veut toujours a celui qui avait la garde de ne pas en avoir fait assez.

Pour avoir discuté avec plusieurs professionnels suite à mon problème : psychologue ayant animé notre formation d'assistante maternelle qui forme également des puéricultrices, syndicats, RAM, puéricultrice, fédération des assistants maternels, gendarmes et même une personne au " 119" je me rends compte qu'il est de plus en plus difficile de travailler dans le milieu de la petite enfance. Il fut un temps ou on privilégiait l'apprentissage, l'autonomie, avec les chutes et bosses que cela implique, aujourd'hui c'est tolérance zéro. On se doit d'être irréprochable, parfois même plus que les parents eux mêmes. C'est très compliqué et il faut donc en tenir compte en choisissant de faire ce métier. Discuter avec les parents, anticiper et parler du fait que leur enfant se blessera en tombant ou en jouant avec un petit copain, il pourra même se faire mordre. C'est dur pour un parent mais c'est inévitable.

J'ai pensé un temps arrêter ce métier, et puis j'ai décidé de faire confiance à la vie comme on dit et de rester en selle. Je n'ai pas eu de chance de tomber sur une maman qui n'a rien voulu entendre. Une maman qui a préféré se créer sa propre histoire, plutôt que de se dire que "oui un accident ça arrive". Une maman qui n'a pas retenu le plus important, à savoir que son enfant n'avait rien, que j'avais agis comme il fallait. Une maman qui n'a pas assumé de laisser son enfant à une tierce personne et qui du coup m'en a tenu pour responsable. Je n'ai pas eu de chance de tomber sur une maman procédurière tout simplement. Mais tous mes autres parents-employeurs sont tellement formidables et me l'ont prouvé à travers leurs lettres de soutien, que ça met du baume au coeur et que je continue.

Pour rappel : l'assistante maternelle agréée est tenue à l'égard des enfants qui lui sont confiés d'une obligation contractuelle de sécurité constituant une obligation de résultat. Ceci signifie qu'elle peut voir sa responsabilité engagée même en l'absence de faute reconnue de sa part.